Crise identitaire au Québec
Souverainisme, indépendantisme, séparatisme, marxisme, maoïsme, libéralisme, catholicisme, islamisme… religieux ou politique, le québécois?
Avec toutes ces définitions indéfinissables où la limite est parfois claire parfois cahoteuse, voir giratoire, il est presque aisé de s’y perde en tant qu’individu, en tant que Canadien Français, en tant que Québécois. Le biopouvoir n’étant pas relié qu’à un individu, il coordonne les relations de pouvoirs(rapports stratégiques) et produit une réaction en chaîne d’une multiplicité de forces. En effet, les relations individus/groupes, individus/individus, groupes/groupes changent le politique, la façon de repenser la politique, le juridique, la vie et transforme les convictions et croyances de chacun jour après jour. On pourrait même appeler les régimes, les courants politiques, de la propagande, une macro secte/religion.
Malgré le fait qu’on croit avoir enrayé de la ou du politique la «religion» au sens spirituel du terme (tel que le catholicisme, le bouddhisme, l’islamisme, etc..) elle est toujours omniprésente si on définit le mot religion au sens où c’est une même idéologie suivit par un ensemble de gens qui croient et se raccrochent à des évènements, des métaphores, des lois antérieures ou hypothétiquement possibles dans le futur.
Dans un Québec où nous avions cru abandonner les principes du catholicisme, le peuple s’est tourné avec passion et dévouement vers une autre sorte de religion : le débat du souverainisme. Avec l’évolution des générations, les échecs politiques et les facteurs économiques, sociales et autres, nous avons perdus peu à peu cette flamme jusqu’à ne plus savoir, ne plus nous retrouver parmi l’amalgame de mots à sonorité politique. Il est de plus en plus difficile à trouver nombre de jeunes qui, encore aujourd’hui, se prétendent souverainistes baignant dans une nation de Canadiens Français. C’est ce qu’on peut remarquer dans la génération qui s’en vient (15-20ans). Toujours harcelés par les vieilles idées travaillées et retravaillées, ils en ont perdus l’intérêt et se lançant dans un monde où les aînés leur lèguent tant de questions et d’acharnement sur le passé, ils ne savent pas où s’en aller.
D’ailleurs, ma petite sœur, qui a aujourd’hui 20 ans, m’a un jour dit qu’elle ne voudrait pas avoir d’enfants pour ne pas les laisser s’installer dans un monde aussi instable que le nôtre, là où le peuple n’en est pas vraiment un et où les vestiges de vieux rêves flottent encore sans qu’on puisse lâcher prise et regarder de l’avant. Les jeunes sont plus conscients du virage qu’a pris notre peuple vers la multitude, et ce concept change la pensée collective au point de se dissoudre dans une masse trop changeante et variée.
Artiste: Dominic Lefrançois
C’est bien dommage que le Québec soit dans une impasse, un courant stagnant de la révolution comme si tout avait déjà été fait et rien ne pouvait être repenser. Nous sommes à l’étape de la biodiversité multiculturelle. Cela se produit dans tous les domaines, que ce soit la politique, les arts, l’économie, etc. Étant donné qu’on croit avoir tout inventé et frapper un mur, nous cueillons des techniques, des éléments culturelles ou formels dans chaque culture rencontrée sur notre route et on tente de mondialiser, d’universaliser nos produits, nos actions. Il en est de même pour les régimes gouvernementaux où la démocratie semble être le meilleur moyen que nous ayons trouvé pour refléter une équité dans les décisions d’un état. Reprenons ici des mots de Michel Foucault, résumés par Agamben et Lazzarato, sous une vision différente. Tout ce qui reste, les effluves des idées souverainistes ainsi que les répercussions qu’il en découle forment la résistance.
Mais « la résistance n’est pas uniquement négation; elle est processus de création : créer, recréer, transformer la situation, participer activement au processus, c’est cela résister » (Michel Foucault, interview Body Politic 1984) donc la résistance est une étape nécessaire à la redéfinition voir à la création d’un politique amélioré, d’une manière de vivre et d’exploiter la multiplicité des forces autrement. C’est une résistance qui réduit la mobilité, le champ d’action des jeunes d’aujourd’hui mais qui ne tardera pas à s’affaiblir, car plus on en discute et on y réfléchit, on trace peu à peu la voie pour laisser place à une nouvelle identité, de nouvelles forces.
**texte de Lazzarato
«Du pouvoir à la biopolitique»
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