L'intégration... mais à quel prix?
Ils sont de plus en plus nombreux dans nos classes et les services offerts dans les écoles ne correspondent pas toujours à leurs besoins : les élèves handicapés ou en difficultés d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA).
Intégration scolaire: Concept, apparu dans les années 1970, désignant le fait qu’on place un élève ayant des besoins particuliers (handicap ou difficultés d’adaptation ou d’apprentissage) dans un environnement adapté à ses besoins, comme dans une classe spéciale.
Inclusion scolaire: Apparu au début de la décennie 1990, concept désignant le fait qu’on place cet élève dans une classe ordinaire dans l’école de son quartier avec des jeunes de son âge.
La nouvelle politique d'adaptation scolaire du MELS (2000), Une école adaptée à tous ses élèves souligne l’importance de la prévention, basée sur la mise en place de conditions propices aux apprentissages, et la nécessité d’intervenir rapidement dès les premières manifestations des difficultés. Dans le but d’actualiser cette voie d’action privilégiée, le Ministère a introduit la notion d’élèves à risque (2007) et aboli la déclaration des élèves en difficulté, afin de s’assurer que tout élève rencontrant certaines difficultés dans son parcours scolaire fera l’objet d’une attention particulière, sans qu'il soit nécessaire de le reconnaître comme un élève handicapé ou en difficulté. La politique préconise que l’organisation des services éducatifs soit au service de l’élève et qu'elle soit basée sur une approche individualisée de réponse aux besoins et aux capacités de l’élève.
Comme l'intégration ou l'inclusion scolaire représente une idéologie où les besoins de l'enfant sont au coeur des considérations, ces approches semblent intéressantes. Pourtant, selon ma courte expérience dans le milieu lors de mes stages, la situation d'inclusion scolaire n'est pas toujours la meilleure ni pour l'enfant, ni pour le milieu. Les services offerts aux élèves ne sont pas assez nombreux et sont souvent restreints soit par manque de budget, soit par manque de ressources humaines. Souvent, les services sont utilisés à pleine capacité par les élèves EHDAA selon une évaluation des priorités. Ce qui veut dire que certains élèves EHDAA ne peuvent pas en profiter pleinement et que les élèves réguliers qui auraient besoin de ces services également ne peuvent y avoir accès, faute de places manquantes.
Malgré le fait que, dans le baccalauréat actuel en enseignement primaire, nous avons actuellement deux cours consacrés entièrement aux enfants EHDAA, la formation à cet effet est toujours déficiente. Il est toujours difficile de savoir comment agir, quels voies pédagogiques prendre avec ces enfants. Or, on ne pourrait pas non plus faire une formation complète en éducation spécialisée ou en adaptation scolaire. Je crois donc que les personnes formées exclusivement pour s'occuper de cette clientèle sont les mieux outillées pour travailler avec eux.
Finalement, voici ci-dessous les résultats d'une recherche mené par le Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport même, qui représente également mon point de vue sur la question. En effet, même si le concept d'inclusion scolaire semble bénéfique pour les enfants, je crains malheureusement que dans les conditions actuelles, selon la structure des milieux scolaires, il n'est pas envisageable de réaliser ce projet pour qu'il atteigne un seuil optimal. La manière dont le système de ressources pour ces élèves inclus fonctionne n'est pas efficace et apporte beaucoup plus de complications qu'autre chose.
L’intégration des élèves présentant des difficultés affectives et comportementales dans les écoles primaires: un modèle innovateur(MELS, 2005) [PDF]
« Nancy Heath, professeure en psychoéducation à l’Université McGill, a effectué, avec une équipe de chercheures, l’évaluation d’un modèle de services offerts aux écoles et aux familles afin de faciliter l’intégration dans les classes régulières des élèves présentant des difficultés. L’étude évaluative a relevé que le modèle est avantageux pour les enfants souffrant de difficultés affectives et comportementales, mais que l’objectif d’inclusion visé est difficilement réalisable dans l’ensemble des écoles dans le système actuel. »
(site internet de RIRE : Réseau d'information pour la réussite éducative)
Article paru dans le Devoir août 2004 :
Les services donnent-ils les résultats escomptés?
Article paru sur le site de Radio-Canada Information avril 2010
Plus de classe normale pour Lucie
*La petite Lucie était dans ma classe de stage 2 en maternelle.
Le cas de Lucie
La mère de Lucie se bat depuis plusieurs années pour que sa fille ayant une paralysie cérébrale, déficience intellectuelle lourde et ayant une vision de 6%, soit intégrée dans des groupes standards. Elle a obtenu gain de cause pour la garderie. Et maintenant, sa fille de 7 ans est admise dans une maternelle ordinaire de la Commission scolaire de Montréal, à l’école Élan, plus spécifiquement dans ma classe de stage II. Nous avions discuté de ce cas dans le cadre du cours d’EHDAA le semestre dernier et la majorité des étudiants en étaient venus à la conclusion que le mieux pour Lucie serait de fréquenter une école spéciale. En effet, pour l’avoir vécu, malgré tous les efforts d’intégration et d’adaptation du programme au préscolaire et de l’école (rampe d’accès, cabinet de toilette adapté, service d’une éducatrice spécialisée et d’une préposée pour lui donner à manger et changer ses couches, etc.), Lucie pouvait faire de plus grands progrès dans une école adaptée à ses besoins où elle trouverait du personnel qualifié, un groupe restreint et les commodités dont elle a besoin. La question qu'on devrait se poser est de savoir si l'enfant peut suivre le groupe et progresser normalement sans causer une surcharge de travail à l'enseignant et ralentir le groupe. Dans ce genre de cas, on ne peut se baser uniquement sur des faits émotifs ou politiques.
Le cas d’intégration de Lucie n’a pas été réalisé dans les normes, et l’équipe-école a vécue une énorme crise par rapport à cet évènement qui a divisé les membres du personnel. La directrice a du engager un animateur à la vie spirituelle et un psychologue pour faire des séances de groupe avec l’équipe-école afin de ramener un climat de travail favorable. En raison de considération éthique, je ne m’étendrai pas trop sur le sujet, mais plusieurs enseignants dans cette école ont failli à cette compétence, l'éthique, dans le débat sur les besoins de scolarisation de la petite Lucie.
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